Béatrice Castaing de Longueville est coach Talenthéo, elle accompagne depuis deux ans un groupe de sept curés dans le cadre de la formation permanente des prêtres du diocèse de Paris.
Quel est le contexte de cet accompagnement ?
"L’objectif est le développement intégral du prêtre que l’on va suivre sur tous les champs."
Le pôle mission du diocèse de Paris a souhaité créer des groupes de curés accompagnés par un coach au travers de cinq rencontres annuelles. L’enjeu est de les accompagner dans leur mission de curé. J’ai proposé à ce groupe de travailler en émergence, c'est-à-dire de travailler à partir de ce qui est présent dans le groupe, des besoins qui se dégagent. Ce mode de fonctionnement leur permet d’adresser leurs questions concrètes de transformation pastorale, de positionnement dans le système, de manière d'agir ou d'alignement. L’objectif est le développement intégral du prêtre que l’on va suivre sur tous les champs.
C'est un espace de parité pour les curés, entre eux et avec moi, et de prise de recul. Un espace de respiration aussi. Cet accompagnement s’inscrit dans la durée avec de la profondeur, et au bout de deux ans je vois vraiment des fruits. Certaines séances ont été extrêmement puissantes, certains participants ont été vraiment retournés et je les ai également vu bouger collectivement. Ceci est notamment dû à un cadre posé dès le départ, ce qui est très important. On a passé du temps à échanger sur la parité, ce qu’était pour eux leur rôle de curé, la transformation pastorale, le synode, tout le contexte de l'Eglise, leur positionnement dans l'institution ...
J'ai toujours une attention à ce que l'Esprit Saint est en train de nous dire à travers ce groupe. Nous faisons à chaque fois un premier état des lieux en début de séance, ce qui permet de mettre dans le champ tous les registres de la personne : spirituel, émotionnel, intellectuel et corporel. On prend vraiment ce temps d'être dans le corps et dans les émotions, ce qui crée beaucoup de fraternité. S'ensuit un temps de parole, où chacun s’exprime et les autres écoutent, suivi d’un temps d’échange. Déposer l’essentiel et écouter en profondeur. Je les fais aussi travailler sur leur alignement personnel pour leur permettre de se débarrasser des idées préconçues de ce que doit être un curé, rejoindre qui ils sont, leur vocation, leurs charismes afin de choisir comment ils vont habiter leur mission. En fin de séance, on se met d'accord sur l'orientation de la séance suivante et je donne, une semaine avant, une question pour leur donner matière à réfléchir en amont.
Ces accompagnements devraient-ils être généralisés dans l'Église ?
"C'est un endroit de parité, de liberté, où ils peuvent dire et venir déposer des choses sans qu’il y ait de jugement."
Pour moi, il est indispensable de déployer cette pratique dans l'Église pour accompagner la croissance des prêtres et la joie de la mission. Cela doit être fait par des coachs expérimentés et à l’aise dans leur relation avec l’Église et les consacrés. Tous les participants sont convaincus et poursuivent l’expérience. Un curé disait, lors du bilan de cette année : “Au début, je me demandais un peu pourquoi je venais là, et puis je venais quand même, même si j'étais débordé. Aujourd'hui, il n'est même pas envisageable que je ne vienne pas.” Ils trouvent quelque chose qui devient essentiel pour eux. C'est un endroit de parité, de liberté, où ils peuvent dire et venir déposer des choses sans qu’il y ait de jugement. On n'est pas non plus dans le solutionnisme ; ils nous disent ce qui leur tient à cœur, ils reçoivent ensuite des feed back qui leurs permettent de clarifier les choses et ils repartent avec des pistes. Un autre curé me disait : “Ce groupe nous rend inspirants les uns pour les autres.” Quand ils se rencontrent dans d’autres contextes, la nature et la profondeur de leurs échanges est souvent différente ; là, ils découvrent mieux la vérité de chacun. C'est vraiment une grande joie de les voir s'épanouir dans leur ministère.