Nous vous proposons de découvrir les témoignages de quelques participants à notre colloque consacré aux visites canoniques et apostoliques dans les mondes séculier et régulier.
Soeur Isabelle de Marie
"Je retiens l'importance d'entrer dans une culture de la visite"
J'ai beaucoup apprécié ce colloque : pouvoir entendre en une seule journée tant d'intervenants qualifiés et complémentaires, avec un espace pour des réflexions en groupe et des tables rondes, sans que ce soit lourd ou fatiguant. Félicitations! Le témoignage de Mère Marie-Elie m'a particulièrement intéressée et les interventions de Carine Dequenne et de Jean-Guilhem Xerri.
Je retiens l'importance :
d'entrer dans une culture de la visite
"d'amener du tiers" : être à deux, et éventuellement aussi ouvrir au regard d'une religieuse d'un autre Ordre.
de prendre vraiment du temps pour les visites, et de rencontrer aussi les personnes proches de la communauté (une ouverture que je n'avais pas encore entendue)
d'assurer la confidentialité des entretiens pour créer les conditions d'une vraie liberté de parole
d'avoir conscience de la profondeur et de la complexité des mécanismes relationnels dans le contexte d'une vie religieuse (cf. l'intervention de Jean-Guilhem Xerri)
d'avoir une attention particulière sur le fonctionnement du conseil et du chapitre
d'une évaluation (demande d'un compte rendu) quelques mois après la visite de la mise en oeuvre de ce qui a été préconisé dans le rapport : ceci est aussi un point nouveau que je n'avais pas encore entendu et qui me parait intéressant et pouvant favoriser une vraie fécondité des visites
de la responsabilisation des personnes (parole forte de Carine Dequenne !)
Soeur Isabelle de Marie , carmélite
Alex et Maud Lauriot Prevost
"Ce sujet est d’une grande importance dans la situation de l’Eglise de France aujourd’hui"
Un colloque très enrichissant, avec des intervenants pertinents et expérimentés ! Ce sujet est d’une grande importance dans la situation de l’Eglise de France aujourd’hui, et nous avons apprécié la présentation d'éléments factuels. Nous retenons la nécessité de définir et de faire appliquer des procédures précises et encadrées, et de développer un vrai professionnalisme des intervenants, avec des personnes compétentes et bienveillantes, mais tout autant indépendantes et exigeantes.
La question de la supervision ou de l’assistance des évêques dans ce domaine a été bien posée, mais elle n’est pas (ou très peu) prévue dans les faits, ni dans l’ecclésiologie actuelle. Ce manque mérite d'être traité pour l'avenir, avant que de nouveaux scandales n'obligent l'Église à réagir. Les échanges avec les autres congressistes ont permis de faire remonter ces questions, et de sensibiliser les responsables présents sur cette exigence.
Alex et Maud LAURIOT PREVOST, co-initiateurs de la Communion Priscille & Aquila
Mgr Xavier d'Arodes de Peyriague
"Les visites doivent être d’abord des Visitations, marquées par l’esprit de l’Evangile"
En ce moment particulier de la vie de l’Eglise, il était extrêmement utile de bénéficier de l’expérience et de l’éclairage de personnes en responsabilité qui ont été impliquées dans des visites canoniques ou apostoliques. Nous venions d’horizons très différents : diocèses, communautés et congrégations religieuses etc. Mais nous avions tous conscience de l’importance de ces visites : elles ne sont pas des inspections même si elles doivent permettre de mettre à jour parfois des dysfonctionnements. Elles doivent être d’abord des Visitations, marquées par l’esprit de l’Evangile. Aussi, pour le bien même des communautés que nous servons, elles doivent être préparées et organisées. Le partage d’expérience que nous avons eu en la matière, d’une façon très pratique et opérationnelle, était particulièrement stimulant et porteur d’espoir. Merci.
Mgr Xavier d'Arodes de Peyriague, Délégué épiscopal à la protection des mineurs et des personnes vulnérables
Marie-Françoise de Billy
"Ces visites se doivent d’être préventives, et alors vécues dans la confiance."
Psychothérapeute engagée dans mon diocèse dans la cellule de veille des risques de dérives, j’ai participé début 2023 à des audits paroissiaux, avec notamment la mission, en binôme avec un prêtre, de rencontrer des communautés nouvelles qui naviguaient sans accompagnement dans le diocèse depuis plusieurs années.
Un an après, notre nouvel évêque nous conseillait de participer au colloque des 8 et 9 mars. Les témoignages, les apports et les débats nous ont ouvert un nouvel horizon. Les visites dites canoniques ou apostoliques ou pastorales se sont révélées être un acte de foi en l’autre et non un redressement ou une condamnation. Ces visites se doivent d’être préventives et alors vécues dans la confiance. Elles favorisent ainsi une relecture bienveillante, voire critique qui peut éclairer des situations délicates et favoriser des prises de conscience nécessaires.
Ces 8 et 9 mars, les témoignages remarquables m’ont convaincu de la nécessité de mettre du tiers dans chaque communauté avant que la clôture n’asphyxie les libertés. La visite doit se vivre comme une visitation durant laquelle il est possible de s’émerveiller de ce que vit l’autre et de penser ensemble un chemin de développement. Encore faut-il que ces visites n’adviennent pas seulement lorsqu’il y a des plaintes mais soient attendues, souhaitées comme un appui, un encouragement, une régulation. Et je sais aujourd’hui cela possible. Les visites pastorales diligentées par le nouvel évêque soulagent les membres des communautés : « le diocèse prend enfin soin de nous ».
Marie-Françoise de Billy, psychothérapeute